Tout ce qu'il faut savoir sur les derniers prix Nobel
Médecine : la perception du toucher et de la chaleur
Les Américains David Julius et Ardem Patapoutian ont découvert des capteurs intervenant dans le percevoir. Situées sur les neurones, ces cellules convertissent le signal de la chaleur ou de la pression en signal électrique interprétable par le cerveau. « On savait que [les capteurs] existaient, on savait qu’ils faisaient quelque chose de très différent de la plupart des autres cellules qui communiquent entre elles chimiquement, ont commenté les deux scientifiques. Mais la réponse était difficile à donner », c’est maintenant chose faite !
Physique : la modélisation du changement climatique et des systèmes complexes
Malgré les dires de certains, le changement climatique est une donnée scientifique et spoiler alert il est quantifiable. Preuve ultime avec ce prix décerné « Pour la modélisation physique du climat de la Terre et pour en avoir quantifié la variabilité et prédit de façon fiable le réchauffement climatique ». Pionnier, c’est dans les années 60 que M. Manabe démontre l’effet de serre avec ses travaux établissant une corrélation entre le niveau de CO2 et la hausse des températures terrestres tandis que M. Hasselman parvient à établir des modèles climatiques fiables, et ce en dépit des phénomènes météorologiques très changeants. M. Parisi avait, quant à lui, découvert « l’interaction du désordre et des fluctuations dans les systèmes physiques, de l’échelle atomique à l’échelle planétaire ».
Chimie : vers une synthétisation plus verte des molécules
L’organocatalyse asymétrique est un moyen d’accélérer les réactions chimiques à l’aide de catalyseurs organiques sélectifs. On vous voit lever un sourcil circonspect devant cette info’. Pour simplifier : la catalyse correspond à l’ajout d’une quantité de produit pour faciliter l’assemblage entre réactifs. Mais ce n’est pas tout, pour ne pas altérer la formulation finale, le produit permettant les liaisons doit disparaître à la fin du procédé. Ici, les lauréats, Benjamin List et David MacMillan, vont encore plus loin en utilisant uniquement des catalyseurs organiques. Et c’est pour cette "révolution verte" qu’ils ont obtenu le Nobel de Chimie.
Littérature : l’écriture post-coloniale
Absent de la liste des pronostics, le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah a créé la surprise en décrochant le Nobel de littérature. Ancien professeur et directeur des études supérieures du département d’anglais à l’université du Kent, auteur de dix romans, son écriture questionne le colonialisme, l’appartenance et les migrations. Fidèle à ces thèmes, son livre Afterlives a été salué pour sa narration « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents ». Le récipiendaire a profité de son discours pour appeler l’Europe à accueillir les réfugiés : « Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides » a-t-il souligné.
Économie : place aux expériences naturelles
La science économique rentrerait-elle dans une nouvelle ère ? C’est ce que laisse transparaître l’attribution du Prix de la Banque de Suède à David Card, Hoshua Angrist et Guido Imbens. Car ici, c’est la méthodologie employée par les chercheurs qui a été récompensée. Contrairement à la doctrine majoritaire proposant de grandes théories, les trois économistes ont travaillé à partir d’expériences naturelles, c’est-à-dire, d’études issues de situations réelles et non en laboratoires, impliquant une part d’aléatoire à l'instar des mouvements politiques. Travaillant tous sur le marché du travail, David Card a renversé la pensée dominante en montrant qu’une hausse du salaire minimum n’entraînait pas une baisse du nombre d’employés, tandis que Johsua Angrist et Guido Imbens se sont penchés sur le lien entre le niveau d’étude et la fiche de paie.
Paix : la liberté d’expression récompensée
Le journalisme a été mis à l’honneur. Incarné par Marie Ressa (Philippines) et Dimitri Mouratov (Russie), le comité a souhaité mettre en avant « le combat courageux pour la liberté d’expression » ainsi que tous les journalistes qui défendent « cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables ». Marie Ressa s’est illustrée en fondant Rapplr, une plateforme numérique investigant notamment sur la campagne antidrogue controversée et meurtrière du régime du président philippin Rodrigo Duterte. So co-lauréat est le confondateur et rédacteur en chef du journal Novaïa Gazeta, journal russe indépendant.