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C’est quoi l’écoféminisme ?

"Pubis et forêts, arrêtons de tout raser", "Détruisez le patriarcat, pas la planète", depuis les premières marches pour le climat, ces slogans fleurissent sur les pancartes des manifestantes. Loin d’être de simples formules réunissant les deux sujets "chauds" du moment, ces messages prônent l’écoféminisme, un mouvement (presque) quinquagénaire qui reverdit.

Existe-t-il un lien entre l’oppression des femmes et la destruction de la nature ? C’est ce que tend à démontrer l’écoféminisme. Si ce concept a aujourd’hui le vent en poupe, il apparaît pour la première en 1974 sous la plume de Françoise d’Eaubonne, militante féministe et cofondatrice du Mouvement de Libération des Femmes. Dans son ouvrage Le féminisme ou la mort, l’essayiste met en évidence les racines communes à l’exploitation des femmes et de la terre. Selon elle, ces deux dominations ne seraient que les résultantes d’un même système à la fois capitaliste et patriarcal. Hormis ces origines conjointes, ce sont des mécanismes analogues (comme l’objectivation, la dévaluation, et l’usage de la violence) qui asserviraient aussi bien les femmes que la nature.

C’est ainsi que dans les années 70, le mouvement Chipko éclot en Inde. Pour lutter contre la déforestation et la mise en place de la monoculture sur leurs terres, ces femmes se mirent, en signe de protestation, à enlacer les arbres. Intrinsèquement liées à ces plantes par l’artisanat qui en découle, elles voient là leur unique source de revenu disparaître au profit de grands groupes d’exploitants forestiers. Car l’écoféminisme est loin de se cantonner à la simple convergence de l’égalité femmes-hommes et de la préservation de l’environnement.

Embrassant une très grande diversité d’idées, il est aujourd’hui devenu polymorphe. Aux côtés de la physicienne Vandana Shiva, il devient acte de résistance contre l’industrie agro-alimentaire et la biopiraterie, matérialiste avec la sociologue Marie Mies ou encore spirituel avec l’écrivaine et sorcière Starhawk.

Car derrière l’écoféminisme, ce sont toutes les formes d’exploitations qui sont décriées. Sexisme, racisme, patriarcat et colonisation, ne sont qu’un seul et même combat pour les écofeministes à la recherche d’une plus grande justice sociale. "[Il] cherche à rendre visible ce qu’on invisibilise, et qui est pourtant indispensable à notre vie et à notre économie" souligne Jeanne Burgat Goutal, autrice dÊtre écoféministe : théories et pratiques.

Face à la pression de l’urgence climatique, l’écoféminisme connaît un regain d’intérêt. Loin d’être un mode de pensée unique, il offre une nouvelle manière de penser un monde plus coopératif, plus horizontal et plus apaisé.

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