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Louise Michel, l'insoumise

Rien ne prédestinait Louise Michel à devenir une figure révolutionnaire emblématique. Née le 29 mai 1830 d’une union illégitime, elle devient instructrice par dépit alors qu’elle se rêve écrivaine. Animée par le feu ardent de la justice, toute sa vie elle n’aura de cesse de lutter contre les inégalités sociales.

Niveau débutant : Figure de la Commune de Paris

Août 1870 : le Second Empire de Napoléon III connaît la débâcle contre la Prusse de Guillaume Ier et Paris est assiégée. Âgée de 40 ans, Louise Michel, alors présidente du Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement, ne peut rester sans agir. Aux côtés de Georges Clémenceau, elle met en place une cantine pour les enfants pauvres, victimes de la famine. Le 18 janvier 1871 l’Empire allemand est proclamé dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles. Dans la précipitation, des élections législatives sont organisées. Les monarchistes, favorables à la ratification de l’amnistie, en sortent vainqueurs. Alors que le retrait des canons de défense de Montmartre est acté, les protestations se changent en insurrection. Parisiens de tous bords se soulèvent contre le gouvernement d’Adolphe Thiers. Louise Michel rallie les troupes des insurgés. Rejoignant les communards radicaux, elle se propose, en vain, d’aller assassiner Thiers. Au premier rang, elle est tour à tour ambulancière, oratrice du Club de la Révolution et combattante lors de la semaine sanglante. Le 24 mai pour faire libérer sa mère, elle se rend. Réclamant la potence comme ses frères d’armes, elle est condamnée à la déportation à vie en Nouvelle-Calédonie. Surnommée par la presse « la louve avide de sang » ou « la Bonne Louise », Victor Hugo contribue à son aura en lui dédiant le poème Viro Major

Niveau intermédiaire : Militante anarchiste

Louise Michel est élevée, malgré sa bâtardise, par ses grands-parents paternels. Aristocrates éclairés, ils lui forgent une solide éducation par la lecture des Lumières. C’est dans ce terreau fertile qu’elle fait pousser une pensée « révolutionnaire socialiste et féministe ». Blanquiste revendiquée, son engagement prend une nouvelle tournure après la découverte des essais de Bakounine et de Kropotkine. En juin 1883, elle participe à une manifestation de chômeurs réunissant plus de 15 000 personnes aux Invalides. Sous le cri de « du travail ou du pain », une poignée de manifestants pillent les boulangeries alentours. Identifiée comme l’investigatrice de ce qui est qualifié d’« insurrection », Louise Michel est condamnée à six ans de détention assorties de dix années de haute surveillance policière. Graciée en 1886, elle refuse catégoriquement de sortir de prison sur un « traitement de faveur ». Militante active, toute sa vie elle alterne entre conférences et meetings appelant à la révolte ouvrière et séjours en prison. Épuisée, c’est au cours d’un de ses voyages qu’elle succombe à Marseille d’une pneumonie le 9 janvier 1905.

Niveau expert : Fondatrice des Écoles libres

Institutrice, elle refuse de prêter serment à Napoléon III, un acte qui la conduit à être exclue de l’enseignement public. Elle décide alors de fonder une « école libre ». Consciente que la liberté vient par la connaissance, elle professe une éducation non différenciée entre les sexes et l’éveil de l’esprit critique. Si les recteurs voient d’un mauvais œil cette instruction, ils la laissent exercer et ouvrir plusieurs établissements. Durant son exil en Nouvelle-Calédonie, elle reprend son métier d’enseignante. S’occupant des enfants de déportés et de gardiens, elle inventera une pédagogie particulière pour alphabétiser les Canaques adultes.

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