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Parthénogenèse : la reproduction sans mâle est possible

Surprise ! En Sardaigne, dans l’aquarium Acquario Cala Gonone, un bébé émissole (une espèce de requin gris) a vu le jour cet été. Un fait qui aurait pu être anecdotique si le bassin n’était pas composé uniquement de femelles… depuis plus d’une décennie. Une naissance miraculeuse ? Non, un processus nommé parthénogenèse.

Oubliez (presque) tout ce que vous avez pris en cours de bio’ : il existe un mode de reproduction asexué dans lequel la femelle est capable de concevoir un individu sans aucune intervention mâle.

Encore une fois, Jean-Jacques Goldman avait raison puisque certaines espèces sont donc capables de « faire un bébé toute seule ». Parmi les concernés par la parthénogenèse, beaucoup de végétaux mais aussi quelques animaux comme les abeilles, fourmis, pucerons ou encore les dragons de komodo.

Concrètement, comment ça marche ? Ici, l’ovule se combine avec une de ses propres cellules reproductrices (en l’occurrence un globule polaire) qui adopte un comportement semblable à un spermatozoïde. Une fois « fécondé », l’embryon se développe normalement et donne naissance à un nouvel être.


Selon le sexe de la descendance, les scientifiques ont relevé trois types de parthogenèses : arrhénotoque quand les individus produits sont uniquement mâles, thélytoque quand ce sont des femelles ou deutérotoque en cas d’alternance. Ainsi, chez les lézards à queue de fouet, tous les mâles ont disparu sans pour autant entraîner la mort de l’espèce. À l’inverse, sans femelle (et donc sans œuf) elle ne peut avoir lieu. (Zemmour en PLS à la lecture de cette info).

Mais pourquoi les animaux y ont-ils recours ? Dans la nature, elle survient le plus souvent dans des situations extrêmes comme le changement climatique, la surpêche, la pression de la sélection naturelle qui entraîne une diminution de la population mâle ou encore la captivité. Voilà de quoi expliquer la surprenante naissance en aquarium de nos requins.

Immaculée-conception es-tu là ?

Si in-vivo la parthénogenèse existe, pourrait-elle faire l’objet d’une fécondation in-vitro ?

D’un point de vue scientifique, il serait envisageable de développer des cellules souches, puis au moment de leurs divisions, d’intervenir chimiquement et électriquement pour que le nombre de chromosome atteigne 23 paires et aboutisse à des embryons à implanter in utéro.

Mais bien que viables, ces fœtus ne seraient pas, comme lors d’une reproduction sexuée, soumis au brassage génétique. Une fois né, si l’enfant n’est pas le clone de sa mère, son génome serait très similaire. Sur le long terme, la descendance pourrait ne pas s’adapter à son environnement et même aboutir à des « culs de sac évolutifs ».

D’un point de vue législatif, les lois bioéthiques encadrent très strictement la création d’embryons transgéniques et ne permettent pour l’instant pas la mise ne place d’un tel protocole.

Toujours est il que la parthénogenèse féminine soulève des questions philosophiquement intéressantes comme le rôle actif de la femme dans la procréation et la place de l’homme dans la société. En soi, rien qu’un bon essai féministe n’aurait déjà envisagé et questionné.