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Hervé, l’instinct sonore

Hervé, on l’a connu dans sa cuisine, ou plutôt dans celle de son père à travers le clip de Si bien du mal. Déhanché souple, refrain entêtant, drapeau breton dans le fond, il n’en fallait pas plus pour que sa musique devienne celle de notre confinement. Depuis, il a envahi les ondes radios, raflé une Victoire de la Musique et déversé son énergie folle sur scène. Alors on a profité de son passage à la Fiesta des Suds pour découvrir qui est vraiment Hervé.

Quand on googlise ton nom, une des premières recherches associées est « hervé chanteur breton », t’en penses quoi de cette présentation ?

Avec « Hervé copine » (rires). Alors c’est vrai, toute ma famille est bretonne, mais je suis né en banlieue parisienne et je vis aujourd’hui dans la capitale. Mais bizarrement, c’est ce que les médias ont titré quand j’ai remporté les Victoires de la musique. Bon, c’est vrai que j’y ai fait mon confinement, que dans mon clip je fais des crêpes et qu’il y a un drapeau breton dans le fond… ouais y’a quand même quelque chose de très bretonnant dans tout ça.

Et toi, tu te présenterais comment ?

(Il chante) Je me présente, je m’appelle Hervé et je voudrais bien réussir ma vie. Je suis un auteur, compositeur et producteur qui fait de la chanson électronique. Je joue du clavier et je fais des productions sur mon ordinateur.

Tu as commencé par te rêver footballeur avant de venir à la musique. Pourquoi ce choix ?

J’y ai joué pendant 12 ans, j’ai fait des tests, des détections et tout le reste. Mais je crois qu’au final je voulais plus du foot qu’il ne voulait de moi. Et c’est quand j’ai arrêté le foot que je me suis mis à la musique. C’est venu sensoriellement, j’aimais l’écouter alors je me suis intéressé aux sons. Un jour, je suis parti à l’hypermarché, j’ai acheté un synthétiseur pourri et j’ai commencé à m’enregistrer. Puis j’ai décidé d’apprendre les accords pour pouvoir composer et depuis, elle ne m’a plus quitté. Du coup, quand on prend ma vie sens au large, j’en ai passé la moitié à pratiquer le foot et l’autre à faire de la musique.

Tu as été membre duo franco-britannique Postaal. Qu’est-ce que tu gardes de cette expérience ?

Beaucoup de premières fois. C’est là que j’ai commencé à monter des clips à partir des courts-métrages réalisés par d’autres personnes. Je me suis aussi intéressé à l’aspect graphique avec les pochettes, le traitement des visuels mais aussi à la production en samplant énormément. Après, il y a eu les tournées en Angleterre, on a eu un manager… Et finalement, c’est là où j’ai réellement appris mon métier, où j’ai eu mon premier contact avec le monde professionnel, surtout que là-bas il est assez différent de celui français…

Tu as noté quoi comme différences ?

Déjà, il n’y a pas l’intermittence. Du coup, les gens en veulent et sont prêts à travailler beaucoup pour accomplir leur but. Personne ne se la pète, tu peux croiser dans un bar celui qui a vendu 200 millions de disques l’an dernier. En France, il suffit que quelqu’un fasse un million de vues sur YouTube pour qu’il chausse du 50… Alors que dans l’histoire de la musique moderne, y’a un peu de monde quand même (rires), y’a des artistes assez big alors quand tu te la joues faut quand même savoir pourquoi.

Tu écris, composes et as même réalisé certains de tes clips. Pourquoi cette envie de tout faire seul ?

Parce que tout m’intéresse. Après pour les clips, je n’ai fait que ceux au téléphone, sinon je m’entoure de réalisateurs. Là je suis en train de faire Rodéo, le prochain. J’ai acheté une puce de téléphone dans un bureau de tabac puis j’ai demandé aux gens de m’envoyer les vidéos qu’ils avaient réalisées de mes concerts pour les monter ensemble. C’est sûr que ça ne sera pas du Tarantino, mais au moins l’histoire derrière sera cool.

Esthétiquement, il y a quelque chose de très 90’s qui se dégage de ta musique et de ton look. Tu es quelqu’un de nostalgique ?

Dans toutes les époques, il y a des choses à prendre. Après les 90’s, c’est surtout la britpop avec des mecs comme Damon Albarn qui portent des maillots de foot avec un blue jeans. Ou maintenant King Krule, quand tu le vois tu te dis qu’il dégage un truc. En tout cas ça me parle cette attitude-là.


C’est quoi tes influences musicales ?

C’est hyper cyclique. En ce moment j’écoute pas mal de chansons françaises notamment le premier album de Louis Chedid que je trouve incroyable. Mais y’a aussi des artistes plus récents, comme Christine ou encore Malik Djoudi. Là, si je prends mon Spotify y’a du T-Rex, les Beatles, MGMT, Frankie Valli, Damon Albarn… Je fonctionne vraiment à l’instinct.

C’est aussi à l’instinct que tu composes ?

Clairement, je ne réfléchis pas vraiment à ce que ça représente. En fait, ça dépend vraiment de mon « mood de sons ». J’ai des moments à fond punk anglais qui vont me pousser à faire des titres un peu vénères, d’autres où je suis à fond dans les sons caribéens et j’en sors des morceaux chaloupés. Mais je crois que c’est pareil pour tout le monde. Après c’est très inconscient, car quand t’es en studio, ou dans mon cas dans ma chambre, t’es dans ta bulle, coupé de tout ça. T’es juste dans ton délire à faire une basse, une batterie… Tu t’ouvres à des terrains d’impudeur et de liberté, et c’est vraiment pour ça que je fais ce métier.

Justement dans tes clips et sur scène, tu dégages une énergie folle qui passe par le mouvement. C’est quoi ton rapport à la danse ?

En vrai, je ne sais pas pourquoi je bouge comme ça, c’est juste ma manière de me sentir bien. J’ai commencé à danser sans réfléchir et on m’a dit de continuer à le faire. Je n’ai pas de chorégraphe, ni pris de cours. J’aime trop ça mais c’est peut-être de la connerie (rires)

Dans Monde Meilleur, tu dis « Réveille-moi si on peut rêver, rêver d'un monde meilleur. J'ai pas tué l'espoir, qui brûle à l'intérieur », tu attends quoi du futur ?

Y’a vraiment une dualité en moi. D’un côté, j’ai beaucoup d’espoir dans l’Homme, dans sa façon de se renouveler et d’un autre côté, je me dis qu’il est cyclique et qu’il retombe sans cesse dans les mêmes schémas. Même si j’ai le senti que le monde n’ira jamais mieux, je ne peux pas me résoudre au fait que ce soit définitivement mort. C’est une quête impossible, mais vraiment je n’ai pas tué l’espoir et c’est ce que j’ai voulu transmettre avec ce morceau.

C’est quoi tes projets à venir ?

Je suis en tournée jusqu’à mi-décembre et après… on verra bien !

🎧 La playlist d'Hervé 🎧

  • Ton dernier morceau ajouté : Night – Franki Valli & The Four Seasons
  • Celui pour faire passer un message à son crush : L’anamour – Serge Gainsbourg
  • Celui pour lutter contre la déprime du dimanche soir : Y’a souvent match de foot le dimanche soir
  • La chanson que tu chantes le plus sous la douche : Pas à ma place – Lujipeka
  • La chanson inavouable que tu ne peux t’empêcher d’écouter : J’assume tout même Moi lolita d’Alizée.
À découvrir entièrement ici > https://bit.ly/MagmaXHerve