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Jean-Paul Sartre, penseur libre

Jean-Paul Sartre est le philosophe français le plus lu dans le monde. Né à Paris en 1905, il est l’auteur d’œuvres phares telles que La Nausée, L’Être et le Néant ou Huis Clos. Figure remarquée par ses engagements politiques, il refusera le prix Nobel de littérature avant de mourir à Paris en 1980. Il laisse derrière lui une œuvre colossale, que vous pourrez décrypter grâce à quelques notions clés.

Niveau débutant : 3 citations à connaître

« L’enfer, c’est les autres »

C’est par cette phrase que se termine la pièce Huis Clos, écrite en 1943. Il y est question de trois personnages, deux femmes et un homme, qui arrivent en enfer. Pour eux, ni torture, ni flammes mais un châtiment : celui de devoir se supporter. Sartre considère que le regard des autres nous enferme et nous condamne à être une chose que l’on n’est pas. Les autres nous aliènent : en nous empêchant d’exister en tant que sujet complexe, ils nous privent de notre liberté. 

« L’existence précède l’essence »

Cette citation a été prononcée lors de la conférence L’existentialisme est un humanisme, véritable best-seller de la philosophie française. Partant du principe de Dieu n’existe pas, Sartre considère qu’il n’y a pas de prédestination ou de qualités innées chez l’homme. Par chacun de ses choix, dictés uniquement par son libre arbitre, il façonne son existence et devient qui il est : un homme est la somme de ses actions.


« Jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’occupation allemande »

Cette phrase, écrite dans un article paru dans Les Lettres française en 1944 a, comme on peut s’en douter, fait grand bruit. Le philosophe serait-il un fan du IIIe Reich ? Évidemment, non. Il entend par là que dans un contexte où le danger est partout, où l’on peut se faire tuer pour une parole ou pour un geste, chaque décision ou action devient un engagement. Ainsi, c’est lorsque nous en sommes privés que nous réalisons le prix de la liberté et le poids de la condition humaine.

Niveau intermédiaire : le plus « people » des philosophes ?

Jean-Paul Sartre et sa compagne, Simone de Beauvoir, deviennent, après la guerre, de véritables icônes. Au Café de Flore, leur repère, ils retrouvent tous les grands artistes et intellectuels qui ont marqué leur époque : Boris et Michelle Vian, Albert Camus, Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty, Picasso, Giacometti… Depuis le succès de Huis Clos, le philosophe connaît une grande notoriété, qui s’explique par un foisonnement d’œuvres très diverses et accessibles : essais, romans, pièces de théâtre, musique. Cette notoriété, qui a fait de lui le philosophe français le plus lu et commenté à travers le monde, est d’ailleurs moquée par son ami Boris Vian dans L’Écume des jours, où un certain Jean-Sol Partre est l’objet de toutes les obsessions.

Niveau expert : éternel rebelle ?

Le philosophe s’est certes illustré par ses écrits, mais aussi par ses engagements. Plutôt indifférent aux questions politiques dans sa jeunesse, il revient de la guerre résolument engagé à gauche. À l’exception de la création d’un groupe de réflexion éphémère baptisé « Socialisme et Liberté », il ne prendra pas activement part à la Résistance. Il lui sera même reproché d’avoir fait jouer, pendant la guerre, ses pièces devant un parterre d’officiers allemands, et d’avoir pris le poste d’un professeur juif limogé. Pour autant il sera, sa vie durant, de tous les combats : guerre d’Indochine, guerre d’Algérie, révolution cubaine et Mai 68.