Colette, l'indomptée
Niveau 1 : Pionnière de l’autofiction
Le succès, Colette le rencontre très tôt avec la parution de la série Claudine. Bien qu’éditée sous le nom de son premier mari, Henry Gauthier-Villars dit Willy, ce sont là ses souvenirs d’enfance que l’écrivaine retranscrit tendrement. La nature, les animaux, la liberté, autant de sujets qui deviendront récurrents dans l’œuvre de Colette. Mais c’est aussi dans sa vie sentimentale qu’elle puise la matière première de ses récits. Échos à sa vie maritale chaotique, Claudine s’en va (1903) dépeint la soumission d’une femme à son mari, son émancipation et la découverte de la bisexualité. Dans La Vagabonde (1910), elle s’attache aux conséquences malheureuses de son divorce tandis que La Chatte (1933) évoque un triangle amoureux entre un homme, une femme et… l’animal de compagnie de Monsieur. N’hésitant pas à se mettre en scène, elle croque aussi son entourage comme dans Sido (1930) où sa mère devient la protagoniste du roman.
Niveau 2 : Figure de la vie parisienne
Libérée du joug de son premier époux, Colette entend bien goûter aux plaisirs de la ville Lumière. Pendant six ans, elle se lance corps et âme sur les planches du music-hall. Desservie par un fort accent bourguignon, elle se livre à des performances de pantomime. Peu encline à la pudeur, attirée par le parfum du scandale, elle n’hésite pas à se dénuder sur scène. La rencontre avec son deuxième mari, Henri de Jouvenel, journaliste de profession, lui donne des envies de presse écrite. Le Matin, Le Figaro ou encore Vogue et Marie-Claire, lui permettent de distiller ses commentaires sur les pièces de théâtre ou encore les dernières tendances. Dans les années 30, elle se réinvente et ouvre son propre institut de beauté. Ce goût pour l’image, elle le cultivera toute sa vie et deviendra l’écrivaine du XXème siècle la plus photographiée.
Niveau 3 : Affranchie des conventions
Mariées à trois reprises, Colette mène une vie loin des conventions de la Belle Époque. Bisexuelle, c’est vers Mathilde de Morny dite Missy, marquise et ouvertement transgenre, qu’elle se tourne après l’échec de son premier mariage. Sur la scène du Moulin Rouge, les deux femmes se livrent à un doux baiser qui déclenche instantanément l’intervention du préfet de Paris. De cette relation elle tire, quelques années plus tard, Le pur et l’impur (1941). À travers des portraits et anecdotes, elle s’interroge sur la notion de pêché, l’utilisation de l’opium, de l’alcool et les plaisirs charnels. Dans La fin de Chéri (1920), elle s’inspire de la relation qu’elle entretient avec son beau-fils âgé de seulement 17 ans. Sa réputation sulfureuse conduira l’église à refuser un enterrement religieux. Toutefois, elle aura les hommages de la République en devenant la deuxième femme, après Sarah Bernhardt, à faire l’objet d’obsèques nationales.