Interview /

Éric Serra : « À la fin du concert, les gens viennent me voir en larmes »

Éric Serra se lance dans une nouvelle aventure ! Celui qui a composé la bande-originale de presque tous les films de Luc Besson est de retour avec un ciné-concert reprenant son plus grand succès : Le Grand Bleu. Nous l’avons rencontré pour plonger avec lui dans son parcours et ses projets.

Vous êtes le compositeur attitré des films de Luc Besson. D'où vient cette complicité ?

Quand on s’est rencontrés, Luc Besson et moi avions 18 ans. C’était dans un studio d’enregistrement, il était venu voir un musicien, qui était mon ami et avec qui il bossait. Quelques mois plus tard, alors qu’il réalisait son premier court-métrage, il m’a demandé d’en écrire la musique. Puis il a souhaité que je travaille avec lui sur son deuxième film, puis son troisième et ça s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. J’en déduis qu’il doit être satisfait par mes compositions ! (Rires) Et de mon côté, à chaque fois qu’il fait appel à moi, c’est comme s’il me donnait un rôle important dans son film. Comme il le dit si bien, « je suis les yeux, et toi les oreilles ».

Le Grand Bleu est un grand classique du cinéma français, notamment grâce à la BO que vous avez composée. À l’époque, vous imaginiez qu’elle rencontrerait un si grand succès ?

Vraiment pas, non ! À vrai dire, au moment où je l’ai écrite, je ne me posais pas ce genre de questions… Mon premier succès, je l’ai connu à 23 ans avec Subway. J’étais le premier surpris, mais j’étais très heureux, c’est comme si j’avais gagné au loto ! Pour Le Grand Bleu, c’était pareil, sauf que là, j’avais tiré le gros lot. Si on est certain d’avoir du succès, ça veut dire qu’on sait pourquoi est-ce que ça a marché. Si je savais exactement pourquoi j’ai réussi à vendre 4 millions d’albums du Grand Bleu, j’utiliserais la même recette à chaque fois ! (Rires)

« Je pense qu’elle a quelque chose d’intemporel, quelque chose qui fait qu’elle ne vieillit pas. »

En 2020, vous avez entamé votre tournée pour le ciné-concert du Grand Bleu. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet ?

Pour être honnête, ce n’était pas mon idée au départ. C’est le producteur Gérard Drouot qui m’en parlait depuis des années. Je ne comprenais pas le concept et je n’étais pas trop chaud… Alors j’en ai parlé autour de moi et tout le monde a trouvé que c’était une super idée ! Et puis, j’ai cédé. On a testé et à la fin du concert, les gens venaient me voir en larmes, pleins d’émotions.

La BO du Grand Bleu procure beaucoup d’émotions. Est-ce que vous pensez qu’elle a encore plus d'impact jouée en direct ?

Oui, et je pense que c’est ce qui fait la différence entre le ciné-concert et la projection. Quand la musique est jouée en temps réel, on est sans filet. Il y a donc une tension positive qui s’installe, ce qui lui permet de prendre une autre dimension. C’est par sa faculté à créer des émotions que la musique est si importante. Sans ça, elle n’aurait pas beaucoup d’intérêt.

Vous le dîtes vous-même : vous n'êtes pas cinéphile. D'où vous sont venues vos inspirations et références pour composer la musique du Grand Bleu ?

C’est vrai, je ne vais pas beaucoup au cinéma. Je ne suis pas non plus spécialiste de musique de films et, au départ, je n’avais pas imaginé me lancer dans ce milieu. Ce qui m’intéressait, c’était la musique en elle-même. Pour Le Grand Bleu et les autres films de Luc Besson, le processus créatif était assez simple : je composais la musique en fonction de ce que je ressentais en regardant les images. Je ne me suis pas posé trop de questions, j’ai laissé l’instinct parler en écrivant la musique que j’aurais aimée entendre sur les scènes.


Comment expliquez-vous que cette BO ait réussi à traverser les modes et qu’elle parvienne à toucher les gens encore aujourd’hui ?

Je pense qu’elle a quelque chose d’intemporel, quelque chose qui fait qu’elle ne vieillit pas. À l’époque, elle ne correspondait à aucune mode et j’en étais parfaitement conscient. Elle tranchait même avec la plupart des musiques que j’entendais à la radio, que je trouvais souvent dures et violentes. La bande originale du Grand Bleu, pour sa part, est douce et harmonieuse. Trente ans plus tard, elle n’a rien perdu de ces caractéristiques et je crois que dans trente ans, les gens continueront à la trouver reposante.

Vous réservez des nouveautés et des surprises lors de cette tournée ?

La seule nouveauté, c’est que personne n’avait encore jamais vu Le Grand Bleu en ciné-concert ! On joue la musique du film en live et en parfaite synchronisation avec les images. Il y a un light show, on aura l’impression que le groupe sur scène fait partie du film, c’est un spectacle à part entière !

En raison de la crise sanitaire et des mesures gouvernementales prises pour limiter les grands rassemblements à 1000 personnes, certaines dates de la tournée ont été réportées. Plus d'infos sur www.legrandbleu-cineconcert.fr