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Dolly Parton, country, gloire et choucroute

A première vue, Dolly Parton, c’est une incroyable choucroute blonde, des litres de botox et une poitrine XXL. Mais derrière ce look improbable se cache une musicienne de génie, icône de la musique country et une success story comme seule l’Amérique sait en produire. Née dans une famille pauvre du Tennessee entourée de ses 11 frères et sœurs, elle s’est hissée au sommet pour devenir, à 75 ans aujourd’hui, la (seule ?) personnalité qui semble faire l’unanimité chez nos voisins outre-Atlantique.

Niveau débutant : une artiste prolifique

Chanteuse, auteure, compositrice, interprète, musicienne multi-instrumentiste, actrice, écrivaine, scénariste (à quand le kung fu ?), Dolly Parton a commencé à écrire des chansons dès l'âge de 5 ans. Compositrice née, elle écrit dans son autobiographie : « Depuis que je suis capable de former des mots, je suis capable de les faire rimer ». Sa carrière est marquée par sa rencontre avec Porter Wagoner chanteur et animateur d'émissions musicales, avec qui elle collaborera pendant 7 ans. Mais c'est en le quittant et en volant de ses propres ailes que Dolly connaitra la gloire, notamment avec la chanson qu'elle écrira pour faire ses adieux à Porter, la célébrissime I will always love you, popularisée ensuite par Whitney Houston. Fait incroyable, elle compose le tube planétaire Jolene le même jour. Depuis, Dolly Parton a signé plus de 3000 chansons, produit plus de 65 albums et en a vendu 100 millions aux quatre coins du globe.


Niveau intermédiaire : féministe malgré elle ?

Dolly Parton est incontestablement une icône féministe. Son look déjanté ? Une manière d'assumer une féminité exacerbée et de s'affranchir des stéréotypes par la provocation. Ses chansons ? Des hymnes qui balayent les tabous de l'époque – dont l'avortement- et défendent l'indépendance des femmes : Just because I'm a woman, He's a go getter, Dumb blonde, The Bridge en sont quelques exemples. Ses apparitions à l'écran ? Aux côtés de Jane Fonda dans 9 to 5 (Comment se débarrasser de son patron, en français) dont elle compose le titre éponyme. Le pitch : des secrétaires, harcelées sexuellement par leur patron macho, décident de se venger. Pour couronner le tout, sa carrière dans son ensemble peut être considérée comme la lutte d'une femme pour faire sa place dans l'univers impitoyable et masculin de la country music. Mais qu'en dit Dolly ? Si elle raconte bien, dans ses textes, la vie des femmes et leurs combats, elle ne se définit pas en tant que féministe pour autant. Lorsqu'on lui pose la question, elle répond toujours d'une punchline bien sentie : «Lorsque le mouvement de libération féminine a été lancé, j'ai dit que j'avais été la première à brûler mon soutien-gorge et que les pompiers avaient eu besoin de trois jours pour l'éteindre.»


Niveau expert : Dolly fédère l’Amérique

La popularité de Dolly Parton défraie la chronique : aimée autant par les « hillbillies » (comprendre plouc) des états républicains que par la gauche, par les white trash que par les black lives matter. Au Tennessee, une pétition a même été lancée pour remplacer les monuments confédérés par des statues de Dolly Parton ! Le secret de ce succès ? Une diplomatie à toute épreuve, une histoire qui force l'admiration et une touche de charité chrétienne : elle a récemment fait don d'un million de dollars pour la recherche contre le covid et est à l'origine d'une œuvre caritative nationale qui lutte contre l'illettrisme. Son personnage est si fascinant qu'il est devenu le sujet d'un cours à l'université, dans le département de lettres du campus de Knoxville au Tennessee. Intitulé Dolly Parton's America, il a pour objectif de « donner aux étudiants l'occasion d'explorer l'impact culturel et historique de cette légende de la musique country.» Livres, documentaires, articles, challenge sur les réseaux sociaux : tout le monde s'arrache le phénomène. Mais alors, Dolly, présidente ? « J'ai les cheveux pour ça ! » répond-elle dans une pirouette.

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