La paréidolie, ou l’art de voir des visages là où il n’y en a pas
Pour comprendre pourquoi l'être humain cherche toujours à faire sens des formes qui lui défilent sous les yeux, il faut remonter loin, très loin, car il s'agit là d'une fonction primitive, inscrite dans notre patrimoine génétique. La paréidolie est une illusion d'optique qui permet en fait à notre cerveau d'assimiler des nouvelles informations en s'appuyant sur des formes qu'il connaît déjà.
— Faces in Things (@FacesPics) August 5, 2020
C’est sur cette fonction cognitive que s’appuie le test de Rorschach. Inventé en 1921 par le psychanalyste du même nom, il consiste en une série de planches sur lesquelles figurent des taches d’encre qui, a priori, représentent des formes indéfinies. En soumettant ces taches à l’interprétation d’un sujet, Rorschach ambitionnait d’évaluer sa personnalité à partir des réponses collectées. Il se trouve que la plupart du temps, les personnes issues des mêmes milieux produisent la même interprétation.
Si ce test a été écarté de la plupart des recherches scientifiques, le phénomène de la paréidolie suscite toujours l’intérêt des chercheurs. Ainsi, une équipe du NTT communication science laboratory à Tokyo a demandé à plusieurs étudiants d’analyser des images avec des points tracés au hasard, en prenant soin d’évaluer leurs profils psychologiques au préalable. Cette expérience, relayée dans le magazine The Cut indique que les personnes les plus enclines à imaginer des visages étaient également… les plus névrosées.
Mais ne déprimez pas tout suite ! Car la paréidolie est aussi une manière de stimuler l’imagination et se trouve être la source de bon nombre de chefs d’œuvres. Une exposition avait d’ailleurs exploré ce sujet, en questionnant les liens entre le hasard et la création artistique.
Preuve, s’il en fallait, que art et paréidolie vont de pair : même Léonard de Vinci la pratiquait. Il l’explique dans l’un de ses manuscrits :
Qui sait, votre tranche pain grillé abrite peut-être la prochaine Mona Lisa ?