Dossier /

Talking about my generation

Si une génération sociale est soudée par
un événement commun, on se demande bien ce qui unit les dernières générations. Internet ? Les smartphones ? Si on n’a pas vécu une grande guerre (ou une pandémie peut-être), peut-on quand même avoir le sentiment d’appartenir à une génération ? Et qu’est-ce que cela implique ?

Joanna

« Franchement, oui, j’ai le sentiment d’appartenir à une génération. J’ai l’impression qu’on a pris de plein fouet tous les laxismes de la génération précédente. Il n’y a aucun jugement, c’est plus un fait établi. Pour nos parents, dans les années 80, c’était un peu la bamboula. Ils ont profité de la révolution industrielle. Et en fait, ben nous, on se rend compte que malheureusement, le monde va mal et on doit faire quelque chose. Je pense tout de suite au problème du changement climatique, par exemple. »

Alain

« J’appartiens à une génération que je qualifierais d’ancienne. Et, ne me fais pas dire que je vais dire que c’était mieux avant ! Mais je remarque qu’il y a une réelle dégradation des conditions de vie aujourd’hui et que c’est constatable dans la vie des gens. Ils la subissent. Nous, on a vécu autre chose. Par exemple, je n’ai pas eu de peine à trouver du travail en sortant de l’école, il y a 60 ans. Et quand je me suis disputé avec mon premier patron,
le second me tendait les bras. Ça n’existe plus aujourd’hui. Il fut un temps dans l’histoire de ce pays où l’économie permettait aux gens de vivre relativement bien. Or aujourd’hui l’état de la société, d’un point de vue économique
et social, se dégrade. »

Bilan

L’un comme l’autre a donc le même réflexe. Celui de se penser au sein d’une génération, certes, mais plutôt que d’associer leur génération respective à un événement, tous deux se positionnent par rapport à un contexte. Et ils sont d’ailleurs unanimes : c’est la merde. Alors, où est le conflit ? Vincent Coquebert nous éclaire : « ce qu’on met en scène aujourd’hui, c’est beaucoup le conflit intergénérationnel au niveau de l’économie. Or, la solidarité financière n’a jamais été aussi importante dans les familles. On n’a jamais vu autant de parents et de grands-parents donner à leurs enfants et petits-enfants. Aujourd’hui, c’est en moyenne 400 euros par mois pour les CSP, et 180 euros pour les enfants d’ouvriers. Sans compter qu’on n’a jamais vu des enfants vivre aussi longtemps sous le même toit que leurs parents. Au niveau des valeurs, il y a un attachement familial fort et une solidarité intergénérationnelle. Donc on se rend bien compte que c’est un discours hors sol. »