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Le clash des générations aura-t-il lieu ?

« OK Boomer » : une petite phrase toute bête qui semble pourtant cristalliser le clash des générations. En deux mots, elle oppose vieux réacs et jeunes prétentieux. C’est une petite phrase qui, comme un « nanananère » jeté avec audace par un enfant espiègle, nous coupe la chique. Magma, pipelette par nature, a décidé de faire dialoguer les générations. D’un côté, il y a Joanna, 24 ans, étudiante à Paris. De l’autre, Alain, 77 ans, retraité à Cuges-les-pins. Ces deux personnes qu’a priori rien ne rassemble nous ont livré leurs visions de l’engagement politique, de l’amour et du travail. Auront-ils plus de choses en commun que nous ne l’imaginions ?

Quand on pense aux générations, on pense fatalement en termes de préjugés. Ainsi, les jeunes d’aujourd’hui seraient des zappeurs, incapables de rester fidèles. Des indignés qui voudraient changer le monde et auraient perdu tout sens du respect des aînés. Les vieux, eux, auraient profité de manière éhontée du plein emploi et des ressources de la planète et seraient hermétiques aux revendications de la nouvelle génération, considérant que « de leur temps », les choses étaient bien plus simples. Ainsi, les emplois pleuvaient, l’amour était moins tordu, la politique plus franche, ou moins manipulatrice, les relations humaines moins compliquées. Une autre époque, vécue par d’autres gens. N’est-il pas tentant de placer les autres dans des petites cases bien rangées, plutôt que de tenter de les comprendre dans leur complexité ? Alors, avant de se laisser aller à de telles catégorisations, commençons tout de même par nous interroger sur la notion même de génération.
Vincent Coquebert est journaliste et auteur du livre Millennial Burn-Out : X, Y, Z… comment l’arnaque des générations consume la jeunesse. Il remet un peu de cadres à cette notion un peu floue : « Ce qu’on appelle « génération » aujourd’hui, ce sont les générations sociales. On peut distinguer les générations biologiques, qui correspondent au renouvellement des espèces et les générations culturelles, qui représentent les différents courants artistiques et la manière dont ils se sont articulés. Ce qu’on appelle les générations sociales, ce sont les caractéristiques ou les expériences communes, à travers un événement fondateur, qui vont regrouper des gens qui sont nés à une même époque. Ça a été théorisé à la suite de la Première Guerre mondiale par un sociologue allemand qui s’appelait Karl Mannheim. Il s’est demandé si cet événement, finalement, pouvait avoir créé une sorte d’esprit du temps. Comme il y aurait une conscience de classe, il y aurait une conscience de génération qui infuserait parmi toutes les personnes qui sont nées à la même époque. »